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Didier Perrin : « Il était en mission »

6 avril 2020
Didier Perrin

Arrivé à la même période que le Docteur Gonzalez dans le club rouge et blanc, Didier Perrin évoque ses souvenirs de 23 années de complicité. Forcément sous le choc, le Président de l’association Stade de Reims parle du Docteur tout en racontant l’homme.

Président, quelle est votre réaction suit à la disparition du Docteur Gonzalez ?
« J’ai été et je suis encore complètement abasourdi. Sous le choc. Depuis hier et l’appel que j’ai reçu, je tourne en rond avec cette idée que tout ceci n’est pas possible. Bernard avait été un lanceur d’alerte sur l’épidémie, il y a plusieurs mois déjà. Il avait choisi pendant le confinement d’être en première ligne dans son cabinet. C’était lui, un homme de devoir. »

Quel souvenir du Docteur Gonzalez vous vient spontanément à l’esprit ?
« Quand je pense à Bernard, spontanément, je revois sa Saab décapotable dont le toit était percé de partout… C’était sa deuxième Saab pour être exact, il avait ce goût pour les choses vintage, ce côté rock qui dépareillait de l’image qu’on se fait d’un très grand professionnel de la médecine du sport. »

Depuis combien de temps vous vous côtoyiez ?
« C’est simple, il a toujours fait partie du club. Depuis mon arrivée au Stade de Reims en 1997, il œuvrait fidèlement. On s’est rencontré en CFA2 et au fil des montées, des victoires, il est toujours resté en poste. Je n’ai pas vraiment d’anecdotes particulières, hormis les moments joyeux que constituaient les montées ou grandes victoires. À chaque fois, Bernard se mettait dans le vestiaire dans un coin, derrière la porte. Il était animé par une grande discrétion et un sens absolu de l’équipe. Titulaire, jeune de la réserve, salarié : il s’occupait de tout le monde avec la même attention. J’entends souvent l’expression « être au service de » qui est souvent galvaudée. Ici, elle colle à son engagement, exemplaire, constant. Quand bien même il aurait pu se reposer sur son cabinet et des revenus plus lucratifs, il se donnait à 200% pour le club. Il était en mission. »

« Il était animé par une grande discrétion et un sens absolu de l’équipe. »

Ce qui explique sa longévité au club ?
« C’était un amoureux du Stade et au-delà, un passionné de foot, une encyclopédie de notre sport. Sur la médecine du sport, il était toujours en veille de ce qui se faisait, il tenait par exemple un tableau de statistiques des blessures en Ligue 1 pour voir l’évolution du championnat sur le plan médical. Sa force aussi, c’était le diagnostic. Il était très précis sur cet aspect et prenait le temps d’expliquer les choses. Pédagogique, il présentait les risques à ne pas respecter un protocole de soin par exemple. Bernard savait également s’entourer, fédérer. Au stade, il avait constitué une sympathique équipe d’intervention avec des passionnés. »

Un dernier mot  sur le Docteur Gonzalez ?
« Oui, nous n’oublierons jamais cet hyper-médecin, qui s’occupait de tout, allant jusqu’à dégoter des rendez-vous auprès de confrères en un temps record pour le club. J’adresse, en lien avec les autres dirigeants et au nom du club, toutes mes condoléances à sa compagne, ses parents et les innombrables Rémois qui l’estimaient. Au-delà du médecin du sport c’était aussi le mien également. Je n’oublie pas qu’il a été présent à mes côtés à titre personnel dans des périodes un peu compliquées. Plus que mon médecin il s’était comporté en ami. »