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Yannick Menu
Académie

Yannick Menu : « Le joueur est au centre de l’activité »

28 décembre 2019
Yannick Menu

Exigence, excellence et travail. Les trois mots sont une constante dans le discours de Yannick Menu, le directeur de la formation rémoise. Arrivé cet été fort d’une longue expérience à la tête de l’académie du Stade Rennais puis à la direction sportive de l’AS Monaco, le néo rémois se livre sur sa vision de la formation. Et annonce une grande étape : la future labélisation « prestige » de la formation stadiste.

Yannick, après six mois passés au club, quelles sont vos impressions sur le SDR ?
« La première chose qui me vient à l’esprit et c’est ce qu’on m’avait présenté avant de signer au club, c’est la qualité des infrastructures. Quand on prend l’histoire naissante du Stade de Reims dans le football moderne, ma première surprise a été de voir la grandeur et la qualité de ce centre d’entrainement qui donne des moyens de fonctionnement très importants. Il est sans aucun doute dans les tout premiers. Ensuite, j’ai découvert un club très dynamique, ambitieux et construisant son succès pas à pas. Beaucoup de clubs investissent quasi-uniquement sur les joueurs, le Stade de Reims a une double stratégie, en investissant sur les hommes mais aussi les structures. C’est un axe auquel j’adhère. »

En parlant d’infrastructures, le club a eu la visite de la DTN dernièrement…
« Effectivement. La Direction Technique Nationale a souhaité créer une catégorie supplémentaire dans la labellisation des centres de formation. Son nom actuel est « prestige ». Cette labellisation est définie sur des critères de moyens à partir de la définition d’un cahier des charges. Le Stade de Reims le remplit point par point et en France, seuls trois autres clubs (Paris, Lyon et l’AS Monaco) obtiendront ce rang « prestige » au 1er juillet 2020. C’est un signe que le SDR met à disposition de la formation des moyens importants. Ces critères doivent nous permettre d’être plus attractifs pour attirer des joueurs à potentiel et tendre vers une plus grande efficacité. »

« Parfois l’homme ne permet pas de recruter le joueur... »

Vous évoquez les joueurs à potentiel. Quel est le portrait-robot du joueur stadiste ?
« Avant d’y répondre, un point clé. Le recrutement est fondamental, c’est l’étape que l’on se doit de gagner. Pour ça, le pole recrutement doit s’appuyer sur une organisation solide et une méthodologie réfléchie. C’est la fondation du projet : avoir un pôle recrutement très efficace. Les questions que l’on doit se poser ensuite sont : quel joueur veut-on former ? Qui veut-on voir porter les couleurs du club en Ligue 1 ? Il faut donc définir des critères de choix. »

Moïse Sakava Sangola

Et quels sont ces critères ?
« Le premier des prérequis c’est le potentiel sportif intrinsèque et celui-ci doit être forcément accompagné d’une mentalité et d’un état d’esprit irréprochable. J’ai déjà trouvé ces deux valeurs fortes au club. Sur le profil footballistique, nous sommes à la recherche d’un joueur adaptatif, positif, fiable, constant : des caractéristiques qui feront un joueur, un citoyen et un homme équilibré, exemplaire. Quand on ferme la boucle ça donne un joueur et un homme attractif pour le club et l’extérieur. En regardant aujourd’hui l’équipe première, elle dégage ces valeurs-là. On sent qu’on recrute un joueur et un homme. Un point à ne pas perdre de vue : parfois l’homme ne permet pas de recruter le joueur... »

« Les joueurs sont constamment imprégnés des matchs du SDR, des U16 à la L1. On construit une culture club »

Êtes-vous attaché à une même identité de jeu pour toutes les équipes de la formation ?
« Sur le jeu, l’idée est de développer une intelligence et un état d’esprit collectif de l’école de foot à la formation. Je ne crois pas à l’uniformité d’un système de jeu dans toutes les catégories, je crois plutôt en une dynamique de jeu, c’est-à-dire des principes partagés. Diversifier les systèmes de jeu c’est enrichir la culture du joueur pour qu’il puisse répondre aux attentes du monde professionnel. On développe le potentiel de l’individu dans l’intérêt du jeu et de l’équipe. »

Quelle est la durée d’un cycle de formation ?
« Il faut redonner du temps au temps. On est tous pressés mais la formation c’est l’éloge de la patience. Je ne parlerai pas d’année au singulier mais au pluriel… »

Groupe Pro 2 entrainement

En six mois, quelles ont été vos premières actions ?
« Il y a eu le travail structurel, puis les actions immédiates. Au sujet de celles-ci, nous avons densifié le parcours hebdomadaire du joueur. La charge de travail a augmenté de manière significative. De l’école de foot à la préformation, on développe le footballeur. À la formation on poursuit ce travail technique, en construisant un athlète. Autre tournant que l’on a pris : l’utilisation de la vidéo. Elle est entrée dans le parcours de formation et désormais nous nous appuyons sur deux analystes à temps plein avec un laboratoire vidéo. Tous les matchs des U16 aux Pro2 sont filmés, séquencés, montés de manière collective et individuelle. En début de semaine, tous les joueurs reçoivent, via une application sur leur téléphone, un montage de leur performance. De manière collective, chaque vestiaire est équipé d’un écran sur lequel, les joueurs sont constamment imprégnés des matchs du SDR, des U16 à la L1. On construit une culture club. Les apprentissages se font aussi par l’observation, la vidéo est ainsi un outil pédagogique indispensable auprès des nouvelles générations. Cela aide à la prise de conscience. L’image ne triche pas, ne ment pas. La recherche de l’excellence doit nous guider au quotidien. »

« La synthèse est de former un joueur au jeu et aux enjeux de demain »

Quels sont les objectifs que vous avez fixés à la formation ?
« Les statistiques de la DTN nous disent que 3% des joueurs qui entrent dans un parcours de formation signeront un contrat pro. Par rapport à ça, nous avons une responsabilité, celle de permettre au garçon de réussir sa scolarité. Nous avons aussi la responsabilité de favoriser le bien-être, le bien vivre du joueur. Et nous avons enfin la responsabilité d’assurer une progression sportive. Je ne parle pas de réussite sportive mais bien de progression. Le joueur est au centre de l’activité. La synthèse est de former un joueur au jeu et aux enjeux de demain. »

Et sur le plan des résultats d’équipes, une attente en particulier en 2020 ?
« L’objectif est de voir nos équipes de formation évoluer au plus haut niveau. Nous avons donc l’objectif principal de faire remonter nos U18 en 19 ans Nationaux. La réalisation de cet objectif assurera une continuité de jeu à tous nos garçons.»